Notarianne - Conseil en gestion des RH et management

APRES LA CRISE SANITAIRE ET LE MERCATO DU RECRUTEMENT, COMMENT GARDER LA TÊTE HORS DE L’EAU ?

Il y a eu le « mercato », cette période houleuse de pénurie de collaborateurs qui a fait se propager de nombreux maux, comme le surmenage, l’anxiété, l’atteinte à la confraternité par le débauchage direct des collaborateurs des Confrères…

Et puis il y a eu la Crise sanitaire liée au Covid-19 et le confinement, avec un télétravail poussé à son paroxysme, une mise en place perturbante et dans l’urgence d’un management de la distance des plus complexes, sans oublier bien-sûr un ralentissement des transactions et donc des signatures.

Le Notariat a également vécu le déconfinement et sa délicate organisation, entre télétravail reconduit, gestion des souffrances psychosocialesmanagement schizophrénique entre collaborateurs à distance et salariés en Office, perte du non-verbal lié au port du masque…

Que de périodes agitées ! Vent debout, le Notariat les a traversées et a certainement progressé. Il semble malheureusement que ses péripéties ne soient pas terminées. Si le déconfinement apparaît être de prime abord synonyme de retour progressif vers l’apaisement, la réalité est peut-être toute autre. 

Bien-sûr, ce déconfinement représente en premier lieu un nouveau challenge managérial d’envergure, nous avions déjà insisté sur ce point dans un précédent billet ; mais au surplus, s’accompagne t-il de décisions difficiles, voire de mauvaises nouvelles.

Aujourd’hui, avec la plus grande lucidité, nous observons que le Notariat vit les prémices d’une nouvelle perturbation.

  • Des licenciements ont été décidés, d’autres sont projetés à contrecœur, espérons les minoritaires…,
  • Les souhaits de départs des collaborateurs se multiplient d’une manière préoccupante,
  • Les étudiants ne parviennent pas à trouver d’Etudes susceptibles de les accueillir pour leurs stages obligatoires, ce qui obère substantiellement leur poursuite universitaire notariale.

Constater la nouvelle agitation que le Notariat est en train de vivre ne fait pas de nous des oiseaux de mauvaise augure, mais au contraire des individus responsables et lucides. Surtout, cela nous permet de prendre du recul et de nous poser les bonnes questions : 

  • Quelles sont donc les raisons de cette instabilité chronique ? Quelles sont ses conséquences ? 
  • Pourquoi, alors que nous recherchons tous le calme et le retour à la normale au sortir d’une période très anxiogène, le nombre de collaborateurs souhaitant quitter leur actuel employeur ne cesse t’il d’augmenter ? 
  • Comment parvenir au bout de cette quête insatiable d’apaisement ?

Avant d’étudier quelques éléments de réponse, tournons-nous quelques instants vers des olibrius : des Etudes qui, à l’abri, n’ont pas ou que très peu souffert de tout ce remue-ménage.

Ces Etudes sont de celles qui n’ont pas pris part dans le « mercato » et dans la tendance à l’anti-confraternité, elles n’ont eu que de très faibles difficultés à recruter et ont mené des négociations justes en termes de rémunération.

Ces Offices avaient apprivoisé le télétravail avant qu’il ne devienne forcé, pour tous, au 16 mars dernier. Pendant le confinement, le maintien de la dynamique d’équipe a été difficile mais réel, des efforts quotidiens ont permis une communication et une prise de décisions efficaces et donc une reprise alliant progressivité et agilité lors du déconfinement. 

S’il est certain qu’elles ont reçu les mêmes secousses que leurs voisines, le ressenti en a été moins violent. Ces équipes de collaborateurs menés et encadrés par leur(s) Manager(s), ont redoublé d’efforts. Des efforts managériauxpermanents et très exigeants, dont toutes les forces en présence perçoivent aujourd’hui les fruitsOui, le management est utile. Mieux : il fonctionne.

Le Notariat, à l’instar de la quasi-totalité des entreprises, a connu un ralentissement économique. La sensation est peut-être d’autant plus désagréable que, rappelons-le, les deux années précédentes ont fait état de records exceptionnels d’activité, notamment s’agissant du secteur de l’immobilier. 

A chaque crise ses difficultés, mais également ses aspects positifs en termes de pistes d’amélioration. Le confinement a, par exemple, permis une pratique du télétravail par toutes les Etudes. Nous analyserons en temps utile si cette sensibilisation a eu l’effet d’une dédiabolisation ou non. La pénurie de collaborateurs, quant à elle, avait eu l’intérêt de placer le curseur sur la rémunération, un sujet concernant lequel la profession avait toujours été relativement décriée. 

Il est d’usage de considérer que les derniers arrivés dans une entreprise sont les premiers éconduits en cas de difficultés. Et cela se vérifie davantage lorsque les rémunérations accordées dépassent largement celles des collaborateurs à l’ancienneté plus importante, ou lorsque les salaires sont tout bonnement injustifiés au vu des compétences du recruté, parfois encore en période de formation.

Nombreuses ont été les négociations maladroites qui ont fait le bonheur momentané des nouvelles recrues. Plus que simplement contraires à la bonne maitrise de la masse salariale, ces rémunérations démesurées annonçaient des turbulences non négligeables dans un avenir que nous ne pensions pas si proche. 

L’on avancera alors que sans ces mêmes rémunérations, les recrutements n’auraient pas abouti, s’accompagnant de leur lot de difficultés et notamment le surmenage des équipes, de nouvelles démissions ou pire, des burn-out. Cette remarque qui paraît des plus logiques, procède pourtant d’un calcul erroné.

Ne perdons pas de vue pas que l’attractivité d’une Etude provient tant d’une rémunération juste, que des conditions et du bien-être au travail qu’espèrent y trouver les candidats à l’embauche. Or, la qualité de vie au travail, la fierté d’appartenance, la fidélité d’une équipe, sont les fruits du management. Tous ces éléments sont manifestement vecteurs de performance durable, bien plus que ne le sera jamais une rémunération démesurée et éventuellement non méritée.

Les licenciements post-Covid_19, quand ils ne pourront malheureusement être contournés, viseront donc naturellement à retrouver une certaine maitrise de la masse salariale et sembleront potentiellement synonymes de retour au calme. Mais ne nous fourvoyons pas, il ne s’agira là que de la partie émergée de l’iceberg !

En effet, l’impact d’un licenciement se répercute non seulement sur le collaborateur congédié mais également sur l’intégralité de l’équipe. Il est possible que certains collaborateurs, craignant d’être à leur tour touchés, redoublent momentanément d’efforts. Il ne s’agit toutefois pas d’un vecteur de motivation à encourager, car ni sain ni durable. Par ailleurs, il n’est pas inenvisageable qu’à terme, une perte de confiance, voire une méfiance s’installe, apportant avec elle perte de cohésion et de productivité.

La période d’incertitude s’étant éternisée, la distance et le manque de motivation auront pu avoir raison de la mobilisation et de l’engagement de certains collaborateurs, sans oublier la détresse réellement vécue par d’autres, victimes directes ou indirectes du coronavirus. En situation ordinaire et dans la plupart des cas, ces collaborateurs décident de quitter leur employeur. Cependant, lorsque les recrutements sont bloqués car les Offices qui recrutent ne parviennent pas à se démarquer, le mécanisme du présentéisme prend le relais.

Le présentéisme est caractérisé lorsqu’est constatée une baisse de productivité s’agissant d’un collaborateur pourtant présent à son poste. Les objectifs ne sont pas remplis. Pire, sa démotivation peut atteindre par répercussion les autres salariés. La performance globale de l’entreprise en est alors affectée ; (Cf notre post : https://www.linkedin.com/posts/marianne-gen%C3%A9vrier-notarianne_motivation-notarianne-activity-6655818598969294848-Mcdx).

A l’heure où nous écrivons cet article, les recrutements semblent reprendre. S’il s’agit d’une excellente nouvelle, il nous faut demeurer clairvoyants. Ne retombons pas dans les écueils du « mercato » passé, sachons répondre de manière pérenne tant aux attentes des collaborateurs qu’aux impératifs des Offices. Ces exigences conjuguées sont très claires. Les collaborateurs demandent du management, du bien-être au travail, de la reconnaissance, de la progression de carrière, du sens dans leur quotidien professionnel. C’est en cela qu’ils conféreront aux Etudes la performance et la productivité nécessaires. Tout est lié !

Quelques chiffres en provenance d’une étude Gallup du printemps 2019 sont sans équivoque :

  • 15% des salariés sont motivés dans leur travail,
  • Les 85% restants ne manquent pas seulement de motivation : ils peuvent être également actifs dans le désengagement des autres salariés, ce qui ruine la productivité globale.
  • Dans 70% des cas, la différence entre un salarié motivé et un salarié qui ne l’est pas est due à la qualité du Manager.

Les Etudes qui dépasseront cette nouvelle crise seront les Offices les plus productifs, les plus innovants, les plus soudés et les plus performants. La performance d’une équipe est notamment fonction de la motivation des membres qui la composent. C’est au Notaire-manager qu’il revient de connaître et maitriser ces leviers multiples, complexes et souvent générationnels.  Il s’agit d’une compétence qui s’acquiert et se renouvelle au quotidien grâce à de la formation continue et du conseil.

Il est on ne peut plus clair que le Notariat trouvera les palliatifs qu’il recherche et relèvera les défis qui l’attendent grâce au Management. Nous détenons les preuves que la démarche managériale fonctionne. 

N’attendons plus : manageons !

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